André Bouchut, agriculteur militant « JE SUIS DIPLOMATE MAIS J'AIME ALLER AU BOUT DES CHOSES »
Avec deux autres adhérents de la Confédération paysanne, cet agriculteur des Monts du Lyonnais a fait la grève de la faim pour obtenir une place au sein de l'interprofession laitière.
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Vingt et un jours passés à la Maison du lait sans s'alimenter, 11 kg perdus… La grève de la faim d'André Bouchut illustre parfaitement l'engagement et la détermination de ce militant de la Confédération paysanne. « Je suis diplomate, mais j'aime aller au bout des choses », assure-t-il. Certes, il n'a pas gagné son combat, celui de faire rentrer son syndicat au sein du collège producteurs de l'interprofession laitière. Mais il reste convaincu d'avoir réussi à faire bouger les lignes. « Bruno Le Maire s'est emparé du dossier et a fixé un calendrier de travail… » Ce coup de force médiatique est à la hauteur de son ras-le-bol. Cet agriculteur de 51 ans se sent méprisé et ne supporte plus d'être ignoré. « Cela fait dix ans que l'on tente de se faire entendre mais sans succès. » Plutôt qu'une énième manifestation, il décide de retourner la violence contre lui en cessant de se nourrir. Un moyen radical, selon lui, de faire prendre conscience à l'opinion qu'en agriculture, il existe des zones de non-droit où la démocratie ne s'exerce pas. « André aime organiser des actions. Il a des convictions très fortes », confie Josian Palach, l'un des deux autres grévistes. Ce besoin de s'engager commence très tôt. À 16 ans, il s'implique dans l'association sportive et culturelle de son village dans les Monts du Lyonnais. Ses débuts professionnels sont atypiques. Il est successivement fonctionnaire dans les espaces verts, animateur d'un centre culturel puis commerçant en produits agricoles. À 30 ans, il décide de reprendre la ferme de son père. André se lance alors dans deux productions singulières : la culture de la myrtille et de champignons. Pas n'importe lequel, le shiitake, le deuxième champignon le plus cultivé au monde après celui de Paris. Il se sent un peu isolé dans une zone à forte densité laitière. Surtout, il doit faire face à une délocalisation de la production vers l'est, là où la main d'oeuvre est bon marché. Un comble pour cet homme qui milite pour une agriculture paysanne, nombreuse et ancrée sur le territoire.
Son engagement à la Confédération s'est fait naturellement. « Je n'étais pas sur la même longueur d'onde que la FNSEA. » Son combat, il le mène pour les générations futures. Il pense à ses trois fils, dont deux suivent la voie agricole. Même si André aime l'engagement franc, il ne se dit pas prêt à recommencer une grève de la faim. « Ce n'est pas un acte gratuit. Je l'ai fait pour cette cause mais je ne suis pas joueur. » Secrétaire national depuis trois ans, il ne sait pas s'il se représentera en avril 2011, date de la fin de son mandat. Défendre ses idées lui prend du temps : en moyenne quatre jours par semaine. « Ma femme est salariée de l'exploitation et joue un rôle important pendant mon absence. Je dois avoir un gène militant mais j'aime aussi prendre le temps de travailler sur ma ferme. »
NICOLAS LOUIS
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